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titre de cette revue est « Socialisme pour les temps
nouveaux », mais le terme même de socialisme est très
équivoque. Aujourd’hui encore plus qu’hier, on aura bien du mal
à en trouver une définition. Apparu sous la plume de certains
penseurs politiques pour désigner la mise en avant du concept de
société — le mot apparaît d’abord en Italie, notamment chez
certains penseurs religieux qui combattent les socialismi,
lesquels font prévaloir les intérêts sociaux sur les
valeurs spirituelles. On le retrouve chez Sieyès qui désigne par ce
terme « l’art social » du gouvernement qui doit agencer au
mieux ses actions, conçues sur la base d’une science politique, en
vue d’obtenir la prospérité la plus grande… Le terme socialisme
a ensuite pris son sens moderne, sens bien vague à dire vrai,
désignant toutes sortes de courants qui s’opposent aux idées
« libérales dominantes » et proposent une organisation
politique, sociale et économique globale en vue du bien de tous. Les
positivistes comme Saint-Simon — ou en Grande-Bretagne John Stuart
Mill — sont des socialistes, et on en trouvera beaucoup dans
l’entourage de Napoléon III et dans les milieux de la
banque : ils défendent l’alliance des producteurs, regroupant
ouvriers et patrons. On trouve des socialistes utopiques (ceux que
Marx et Engels critiquent notamment dans le Manifeste du parti
communiste). Des socialistes modérés font la jonction entre les
républicains et les revendications sociales — ainsi Louis Blanc.
Et ainsi de suite : on prendrait des pages à énumérer les
différentes catégories de socialistes. Marx et Engels ne se disent
pas socialistes, mais communistes. Avec la refondation de
l’Internationale en 1889, la « deuxième Internationale », le
terme « socialiste » va devenir dominant et les marxistes se
retrouvent dans des partis socialistes ou « sociaux-démocrates »,
ce qui, à l’époque, veut dire à peu près la même chose.
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