Denis Collin
Pour les gens qui ont dépassé largement la soixantaine, la situation politique présente semble assez déconcertante. Les causes pour lesquelles nous militions, causes qui étaient aussi celles de nos parents et de nos grands-parents, voire de nos arrière-grands-parents, semblent avoir disparu de l’horizon politique. Qui pense encore à l’union fraternelle des travailleurs de tous les pays ? Nous pensions que la défaite du nazisme avait porté un coup sévère au racisme. Quelle n’est pas notre surprise ! L’antiracisme à la mode réhabilite la notion de race en faisant de « l’homme blanc » l’ennemi principal et du « privilège blanc » le privilège par excellence. Nous croyions que l’égalité de l’homme et de la femme se réaliserait dans la lutte commune pour abattre l’exploitation capitaliste. Que nenni, nous disent les féministes branchées : dès lors qu’il est blanc, l’ouvrier est le pire des machos et certaines proposent même de « sortir de l’hétérosexualité », ce qui est certainement le moyen le plus radical pour en finir avec l’humanité, sauf si on garde quelques mâles reproducteurs dans des enclos réservés jadis aux taureaux. Tout ce que nous considérions comme des diversions inventées par la classe dominante pour assurer son règne (dividare ad regnandum, disaient les Romains) est maintenant glorifié sous le nom baroque d’intersectionnalité, ce qui désigne pour une partie importante de la « gauche radicale » la nouvelle stratégie de lutte en vue d’un objectif désormais sans nom. La « révolution citoyenne » chantée par certains est évidemment une phrase creuse, même si l’un de ses promoteurs va même jusqu’à parler d’une « théorie de la révolution citoyenne », comme on parlait jadis chez les trotskistes de « théorie de la révolution permanente ». Toutes sortes de théories extravagantes (au premier abord) occupent le devant de la scène médiatique, affublées des habits de la révolte ou de la rébellion.
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